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Le drame de Caluire

 
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Auteur Message
Tex Willer
asse-live L1


Inscrit le: 02 Mar 2005
Messages: 3281
Localisation: Lyon

MessagePosté le: 11 Mai 2007 21:09:54    Sujet du message: Le drame de Caluire Répondre en citant

Je remet ici l'histoire du drame de Caluire et de l'arrestation de Jean Moulin telle qu'elle a été racontée par Jacques Baumel, grand résistant et fait "Compagnon de la Libération" par le général de Gaulle.

Le drame de Caluire

1. UN CONTEXTE EXPLOSIF

A. DES NEGLIGENCES COUPABLES

21 juin 1943 à 15h10, Barbie arrête Jean Moulin et ses amis réunis chez le docteur Dugoujon pour décider du remplacement du général Delestraint à la tête de l’Armée secrète.
La responsabilité de l’organisation de la réunion avait été confiée à André Lassagne, un membre de Libération devenu l’adjoint de Joseph Gastaldo, le patron des services de renseignements de l’Armée secrète. André Lassagne, qui était un enseignant, avait d’abord retenu la maison de l’un de ses confrères. Celui-ci s’étant absenté quelques jours, il s’était rabattu sur la maison du docteur Dugoujon, ce qui était un choix excellent.
L’emplacement de cette maison, qui donne sur une assez vaste place, la place de Castellane, et possède une issue de secours dans un quartier par ailleurs difficile d’accès, aurait permis à quatre ou cinq soldats des Corps francs de repérer sans difficultés l’arrivée de la Gestapo, et, en se sacrifiant, de faire échouer une opération qui n’a rassemblé qu’une dizaine d’Allemands répartis en trois tractions avant noires. Quand André Lassagne est arrivé place de Castellane, non seulement il n’était pas accompagné de Corps francs mais il amenait avec lui Aubry, et surtout un René Hardy qui n’était pas prévu à cette réunion, ce que Lassagne ne pouvait ignorer, comme il ne pouvait ignorer que les consignes de sécurité l’obligeaient à interdire à celui-ci de les suivre, quelles que soient les raisons que Hardy pouvait invoquer. Même si Lassagne ignorait que Hardy avait été arrêté par la Gestapo quinze jours plus tôt. L’état-major suprême de l’Armée secrète s’est ainsi réuni sans qu’aucune protection n’ait été mise sur pied, protection qui rentrait dans l’ordinaire de réunions moins sensibles, à l’image des comités directeurs des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) organisés presque chaque semaine. Jean Moulin avait voulu et obtenu que l’Armée secrète soit séparée des mouvements de Résistances. Elle possédait ses propres services de renseignements et de protection. On n’a pas fait appel à eux. Le colonel Rivière, qui était le chef des Corps francs, s’était proposé pour couvrir la réunion de Caluire et cette proposition avait été rejetée par la Délégation.
Une opération de délivrance, immédiatement évoquée, est matériellement impossible. Les Nazis, qui mettent trois jours à reconnaître Moulin, semblent savoir néanmoins que les prises sont importantes, à en juger par les mesures de sécurité qu’ils ont mises en place.

B. UNE REUNION SANS INTERET

La réunion de Caluire était capitale, puisqu’elle avait pour but de remplacer le général Delestraint arrêté le 9 juin à Paris, à la station de métro La Muette et affreusement supplicié. Elle était capitale en un sens, puisqu’elle était ressentie comme telle par tous les responsables de la Résistance. L’enjeu n’était pas mince et chaque camp s’y préparait dans la fièvre, au point qu’elle était devenue un sujet majeur de discussions dans ce petit milieu avec tous les risques de fuites et de bavardages que cela n’allait pas manquer d’entraîner. Ce qu’on dit moins, c’est qu’au fond, cette réunion n’avait pas lieu d’être. Moulin n’était pas venu à cette rencontre pour entendre les avis et les propositions de chacun des participants. Moulin avait déjà choisi, comme il en avait le pouvoir, les deux remplacements intérimaires de Delestraint, en l’attente de la décision finale du général de Gaulle. Il s’agissait de Raymond Aubrac pour la zone nord, et du colonel Schwartzfeld pour la zone sud. Le premier était un responsable efficace de l’Armée secrète, issu du mouvement Libération, dont on ignorait à l’époque qu’il était très proche du Parti communiste. Le second était un colonel de réserve, courageux, effacé, à la manière du général Delestraint.
On touche là à ce que l’on pourrait appeler la responsabilité originelle du drame de Caluire, c'est-à-dire à la lutte sans merci que Henri Frenay (fondateur du mouvement Combat) et Jean Moulin se sont livrée au sujet de l’Armée secrète et de son contrôle. C’est au moment où Moulin était parvenu à détacher des MUR, cette armée qui était composée à 80% d’éléments issus de Combat, que l’arrestation de Delestraint risquait de tout remettre en jeu. En théorie, la question aurait pu, et du, être réglé d’une façon presque normale après consultation des responsables de mouvements. Dans les fait, elle devenait l’objet d’un véritable débat où chacun allait pouvoir pousser ses pions et que Moulin n’avait pas les moyens d’éviter. Bref, la logique des rapports de force avait rendu nécessaire une réunion qui n‘était pas utile.
Cette réunion était connue de trop de monde, et la moitié des participants en savait l’adresse à l’avance, ce qui est tout à fait inhabituel. Des hauts responsables de la Résistance se rendent pour une réunion moins que secrète, dans une planque non gardée, tantôt seuls pour ceux qui en connaissent l’adresse, Lacaze et Larat, tantôt en groupe, un « initié » montrant le chemin, Lassagne menant Aubry et Hardy, Moulin suivi de ses deux futurs responsables militaires, et ne vont même pas respecter cette autre consigne essentielle de sécurité : être absolument à l’heure. La réunion est prévue à 14 h 30. Moulin, Aubrac et Schwartzfeld arriveront à 15 heures, Serreulles se trompe d’heure et ne vient pas, tandis que la Gestapo, elle-même, intervient avec quarante minutes de retard. A quelques minutes près, Moulin arrivait après Klaus Barbie.
Les jours qui suivent Caluire sont parmi les plus sombres de la Résistance. La rapidité avec laquelle les Résistants arrêtés à Caluire on été transférés à Paris (à l’exception notable d’Aubrac) met un terme définitif à tout espoir de les délivrer. Malgré l’insistance de Londres, une opération de libération des détenus n’aura pu être organisée. Elle aurait été vaine. Moulin est dans un état presque comateux après les heures d’interrogatoires poussés qu’on lui a fait subir, dans un état si alarmant que, transporté à Paris, il sera placé comme prisonnier spécial dans la villa personnelle du chef de la Gestapo, Boelmelburg, à Neuilly.
La situation est d’une gravité exceptionnelle. Sur l’insistance de Londres, tous les services secrets dépendant des mouvements de résistance sont alertés pour trouver qui a pu donner cette réunion après l’arrestation de Delestraint. Un nom commence à circuler, celui de René Hardy. Sauf que Hardy aura été loin d’être le seul dont l’attitude durant ces journées dramatiques recèle ses « zones d’ombres » chères au historiens.

2. LES DIFFERENTES RESPONSABILITES

A. Henry AUBRY

Henry Aubry est le premier d’entre eux. De son vrai nom Avricourt, il a commis un certain nombre d’imprudences qui auraient pu coûter cher. Il était persuadé qu’il pouvait juger un homme du premier coup d’œil. C’est ainsi qu’il avait reçu la visite d’un inconnu de Toulouse, un nommé André, qui se recommandait des responsables locaux. Cet André lui avait plu immédiatement. Il l’avait intégré sans enquête dans son réseau et l’avait bombardé inspecteur national de l’Armée secrète. Le 21 juin, Aubry est arrêté à Caluire. Le 27 juin, il retrouve cet André dans une salle d’interrogatoire de la Gestapo. Il faisait partie de la police allemande. Aubry signait donc là la première d’une liste, remarquablement longue pour un seul homme, de négligences et d’imprudences. Curieusement, personne ne se préoccupera de rechercher cet agent double qui a totalement disparu à la Libération.
La deuxième faute d’Aubry se joue à l’issue de la violente altercation qu’il avait eu avec Moulin le matin même du drame. Ce dernier, qui prévoit qu’Aubry sera son principal adversaire, commence par essayer de le déstabiliser en lui reprochant une sombre affaire d’armement détourné de son destinataire initial. Aubry proteste avec véhémence de son bon droit. Le ton monte et Aubry somme Moulin de lui faire part de ses intentions pour la réunion de Caluire. Moulin refuse. Aubry devine que la direction de l’Armée secrète va encore échapper à Combat. Depuis la disparition de Delestraint, il est le plus haut responsable de l’Armée secrète. En tant que tel, il aurait du être consulté par Moulin sur un sujet aussi stratégique. Il exige alors que Moulin lui donne le nom qu’il va proposer à l’approbation du comité. Moulin refuse encore. Les deux hommes s’injurient et Aubry quitte son interlocuteur, exaspéré, violemment remonté contre lui et prêt à un dernier baroud d’honneur chez le docteur Dugoujon.
Là, il commet une faute qui s’est peut-être, sans qu’il l’ait voulu, transformée en crime : quatre heure avant la réunion, il ne prévient pas Jean Moulin qu’il a l’intention de venir avec un responsable, René Hardy, dont la présence n’était pas prévue. Cette faute, Aubry la partage avec le responsable des affaires militaires, en l’absence d’Henri Frenay retenu à Londres, Guillain de Benouville. Benouville l’aura beaucoup et à plusieurs reprises encouragé, sinon dirigé dans cette entreprise. Cela dit, il n’est pas certain que Moulin aurait annulé une réunion comme Caluire parce qu’on l’avisait , deux heures ou deux jours auparavant, de la présence non souhaitée d’un participant.
Les imprudences d’Aubry ne s’arrêtent pas là. On sait que Hardy (Didot) devait rencontrer le général Delestraint le mercredi 9 juin à 9 heures au métro La Muette. Delestraint souhaitait le rencontrer parce que, en tant que responsable du NAP-Fer (Noyautage des Chemins de fer), il allait être affecté au troisième bureau de l’Armée secrète. Hardy ne sera pas au rendez-vous. La Gestapo y sera à sa place et arrêtera, Delestraint, Gastaldo, le patron des services de renseignements de l’AS, et Théobald, qui servait auprès de cordier au secrétariat de Jean Moulin. Hardy avait pris le train de nuit à Perrache le 7 juin, en même temps que les agents nazis Lunel et Moog. C’est Aubry, en tant que chef de cabinet de Delestraint, qui a reçu l’ordre d’avertir Hardy de la date et du lieu de rendez-vous. Aubry s’exécute le 27 mai, puis disparaît une vingtaine de jours, appelé au chevet de sa femme gravement malade. Il commet alors une double faute que l’on peut qualifier de légèreté criminelle. Il rédige le message en clair et le donne à sa secrétaire, Madeleine Raisin, pour qu’elle le dépose, sans lui préciser dans quelle boîte au lettres. Sa secrétaire commet la négligence de déposer ce message non codé au 14 de la rue Bouteille, dans une boîte aux lettres qui était considérée depuis quelques jours comme grillée. Quand elle revient de sa mission, la seule réaction d’Aubry aurait été de lui dire : « Vous avez mis la lettre dans cette boîte ? Vous avez eu de la chance, la Gestapo était dans la maison. » Et il part rejoindre sa femme sans se préoccuper de rien, sans prévenir les membres de Combat, sans leur laisser la possibilité d’avertir Delestraint et Hardy.
Si l’on veut bien résumer les « maladresses » successives d’Aubry (nommer un inconnu à un poste de responsabilité dans l’AS, accepter sous la pression de Benouville de mettre Hardy au courant de Caluire et l’y inviter contre toutes les consignes de sécurité, envoyer un message en clair par une boîte aux lettres brûlée) on obtient un cocktail plus que suffisant pour expliquer l’arrestation de Delestraint et la rafle de Caluire. Reste cette dernière chose qu’il nous est interdit de juger. Quand les nazis ont arrêté les Résistants à Caluire, ils ne savaient pas lequel était Moulin. Ils se sont ainsi affreusement acharnés sur Lassagne qu’ils avaient d’abord pris pour le Délégué du général de Gaulle. Puis est venu le tour d’Aubry qui, lui aussi, aura été épouvantablement martyrisé. Il semble établi aujourd’hui que c’est lui qui a désigné Moulin à ses bourreaux.

B. Edmée DELETRAZ

S’avance un autre personnage. C’est une femme, Edmée Delétraz. C’est elle qui avait gracieusement attirée Bertie Albrecht dans la souricière de la Gestapo le 28 mai. Avec elle, on remonte à ce que l’on pourrait appeler l’origine historique de l’affaire de Caluire. L’affaire de Caluire a commencé à Marseille, le 28 avril 1943, dans la taverne Charley quand la Gestapo arrête Crémieux et un certain Multon (Lunel). Lunel est retourné. Quittant Marseille après y avoir causé d’immenses ravages, il travaille bientôt pour la Gestapo de Lyon et fait équipe avec un certain Robert Moog, un agent français de l’Abwehr, qui devient l’amant d’Edmée Delétraz. Comme Lunel, elle aura été retournée par les Allemands. Et tout comme lui, elle aura dénoncé son ancien chef de réseau, André Devigny qui sera arrêté. De retour de déportation, il défendra toujours bec et ongles son ancienne protégée. Delétraz, qui travaille comme secrétaire dans les bureaux de la Gestapo, a donc été un agent multicarte, qui pourra se prévaloir d’avoir informé tour à tour l’Intelligence Service, les services secrets suisses, le Deuxième bureau ou le réseau de résistance du colonel Groussard. Elle participera notamment à la souricière qui permet à la Gestapo de saisir, rue Bouteille, la lettre en clair d’Aubry à Hardy, dit Didot.
Tout cela est inconnu à l’époque des faits même si tout le monde sait qu’elle fréquente assidûment l’hôtel Terminus, qui abrite un département de la Gestapo, ce qui suffit à la rendre suspecte. Dans les tous premiers jours qui ont suivi le drame, les responsables de l’ORA du colonel Groussard ont informé que, le jour de Caluire, en fin de matinée, Delétraz s’était présentée à l’une de leurs antennes. Elle leur avait déclaré sortir des bureaux de la Gestapo, où on lui avait confié qu’un certain Didot, un résistant retourné, venait de trahir une réunion importante. Cette réunion devait avoir lieu dans l’après-midi, en présence de ce Didot, et surtout du Délégué du général de Gaulle. Ils ont déposé un message d’alerte dans la boîte aux lettres d’un agent malheureusement absent ce jour-là. C’est Claudius-Petit qui en prendra connaissance, hélas trop tard.
Les exploits de Delétraz ne vont pas s’arrêter là. Elle est également en mission ce jour-là. Et sa mission est de pister René Hardy pour la Gestapo afin de découvrir le lieu de la réunion secrète. Delétraz affirmera avoir agi seule, filant Hardy (et donc Lassagne et Aubry) jusqu’à la place de Castellane. Si cette version est la bonne, Delétraz, agent de la Gestapo, qui avait pris le risque d’alerter l’ORA, ne prévient pas les conjurés de Caluire, ce qu’elle aurait pu faire en alertant la femme de ménage de Dugoujon, mais fait demi-tour, redescend jusqu’à la Croix-Rousse et dénonce le lieu de la réunion à Barbie qui attend là avec ses hommes. Delétraz, qui ne sera miraculeusement pas inquiétée après la guerre, confirmera cette version lors de l’un des procès Hardy, ajoutant que Didot était au courant qu’elle avait pour mission de le suivre. Ce qui était prendre le risque considérable de se voir reprocher de n’avoir pas agi, n’étant pas elle-même sous la surveillance d’autres agents allemands. On peut alors penser qu’en agissant de la sorte, elle souhaitait protéger un secret plus grave encore. Si elle ne prévient pas la domestique, c’est peut-être qu’elle n’est pas seule à procéder à cette filature, parce que Hardy n’est pas un traître dans le sens actif du terme, mais in appât, un pauvre type tenu et manipulé.
Durant ces jours et ces semaines qui ont suivi Caluire, la situation était tellement embrouillée, que cela explique notamment qu’un Hardy, gravement suspecté par les uns, brillamment défendu par d’autres, pourra non seulement sauver sa peau, mais se mettre au vert avec Lydie Bastien, sa maîtresse, sans être sérieusement inquiété.

C. Raymond AUBRAC

S’il est un acteur dont personne ne met alors en doute la loyauté, c’est Raymond Aubrac. Evadé par deux fois dans des circonstances peu communes, il allait d’autant plus attirer l’attention que les récits que Lucie Aubrac et lui-même donneront de leurs activités clandestines comportent d’indéniables zones d’ombre et quelques incohérences. C’est en tout cas le seul parmi les martyrs de Caluire à n’avoir pas été transféré à Paris. L’homme est compétent, solide, plutôt effacé. C’est un parfait fonctionnaire de l’ombre, dont le caractère tranche avec celui, autrement flamboyant de Lucie Aubrac. Son parcours, comme celui de beaucoup d’autres, aura hélas suivi les vicissitudes d’une stratégie politique difficile à approuver. Il y a le Raymond Aubrac de la clandestinité, l’adjoint de d’Astier, le combattant efficace et courageux. Il y a aussi le Raymond Aubrac, commissaire de la République à Marseille après la Libération. Il laisse s’établir dans cette ville une situation d’épuration sauvage et de règlements de compte qui lui vaudront d’être relevé de ses fonctions en janvier 1945, à la demande insistante de Gaston Deferre.
Son implication directe et volontaire dans la rafle de Caluire n’est pas crédible. Le problème Aubrac se situait du côté de l’image que Lucie Aubrac a toujours voulu donner de leur couple et de leurs aventures. D’où ces allers et retours, ces changements, ces versions successives qu’elle donnera des événements, sans parler d’un film si remarquablement faux qu’il lui faudra le désavouer après l’avoir cautionné. D’où la suspicion rétrospective de certains historiens.
Aubrac a été raflé une première fois par la police française le 15 mars 1943, trois mois avant Caluire. Incarcéré sous sa fausse identité de François Vallet pour une vague affaire de marché noir, il sera libéré grâce à l’intervention énergique de Lucie Aubrac qui ira personnellement menacer de mort le procureur de la République Ducasse. Certains historiens ont cru pouvoir opposer à cette « thèse officielle », le rapport du même Ducasse qui signalait que « de l’ensemble des documents saisis sur les inculpés, il a été possible de reconstituer l’organisation des Mouvement unis dénommé aussi Forces françaises combattantes ». Et l’on sait aujourd’hui que ce rapport sera transmis à Ernst Kaltenbrunner, le chef de toutes les polices allemandes, qui en rendra compte dans un document daté du 27 mai, soit deux mois après l’arrestation d’Aubrac, quinze jours après son évasion, et un mois avant Caluire. On peut alors s’étonner de l’indifférence de la Gestapo pour une telle prise, sans parler des versions différentes que Lucie Aubrac fournira sur les circonstances mêmes de l’évasion de Raymond Aubrac de cet hôpital de l’Antiquaille où il était parvenu à se faire transférer.
D’où la terrible accusation de Barbie dans son rapport remis en 1990 au juge Hamy : « Aubrac comme Hardy a eu peur de la mort et a accepté de travailler pour nous. » Compte tenu de ce qu’a été Barbie, ce témoignage est à prendre avec infiniment de précautions. Il y a là un témoignage de circonstances, mû par le désir de vengeance ou par on ne sait quelle manipulation. S’il a bien rédigé son rapport en fonctionnaire consciencieux de la Collaboration, le procureur de la république Ducasse a effectivement été menacé de mort, et par un message direct de Londres. Quand Lucie s’est présenté à lui, elle lui a demandé d’écouter la radio de Londres. Il entendrait un de ces mystérieux messages secrets, dont elle lui a donné le texte d’avance. Et Ducasse entendit ce message dans tous les sens du terme. Nous ne sommes plus en juin 40 mais en mai 43. Les choses ont changé et il n’ignore pas qu’il sera effectivement liquidé s’il ne transfère pas Aubrac à l’hôpital de l’Antiquaille. Quant à savoir si Raymond Aubrac, quand il a été interrogé à la façon délicate de l’époque, a pu lâcher telle ou telle information sur son réseau, on peut seulement dire que c’est théoriquement possible, que rien ne permet de le croire et qu’enfin ces éventuelles confidences n’auront pas été brillamment exploitées par la Gestapo. Les Allemands mettront trois jours à reconnaître Moulin. Il leur aurait suffi, au lieu de pister Hardy, de pister Aubrac, lequel avait rendez-vous avec le Délégué juste avant Caluire. Visiblement, ils ne l’ont pas fait.
Quant à sa deuxième évasion, après la rafle de Caluire, chacun connaît aujourd’hui l’invraisemblable équipée de Lucie Aubrac déguisée en Mlle de Barbentane qui se présente à la Gestapo comme étant enceinte d’un certain François Vallet-Raymond Aubrac (ce qui était vrai), et qui réussit à convaincre ces hommes du monde, s’il en fut, d’obliger Vallet à régulariser la situation. Cette manipulation impliquait un transfert du prisonnier de la prison de Montluc au siège de la Gestapo. C’est au cours de ce transfert, au retour que, le 21 octobre 1943, Aubrac sera libéré par une opération de Corps francs avec une vingtaine d’autres détenus. Cette aventure semble proprement inconcevable aujourd’hui. A cela, on peut faire deux remarques. Premièrement, Lucie Aubrac avait le courage, l’aplomb et le charme pour entreprendre, sinon réussir une telle opération. Son amour profond, touchant, voire dévorant pour Raymond Aubrac était connu de toute la Résistance. Elle aurait fait tout et n’importe quoi pour le délivrer. D’autre part, cette histoire de Barbentane chez les nazis n’est pas inédite. Lorsque le futur général Mery a été arrêté, puis torturé par l’Abwehr, sa fiancée s’est présentée, elle aussi, à ses bourreaux, et leur a demandé de pouvoir épouser Mery avant qu’il ne soit déporté. Le patron local de l’Abwehr a accepté. Disons là encore que les circonstances exactes de cette délivrance ont pu être moins glorieusement romantique que dans les témoignages de Lucie Aubrac.
Ce qui ne justifie pas qu’avec un faisceau de présomptions aussi faibles, on désigne sans preuve formelle un Aubrac qui aurait pu trahir comme tous les autres mais qui avait dans les faits moins de raisons directes de trahir que beaucoup d’autres. Analysée en termes purement cyniques, l’élimination de Moulin ne lui rapportait rien. Au contraire. Il allait mettre la main sur l’Armée secrète de la zone nord, ce qui pour lui, en tant qu’individu, comme en tant que membre communisant de Libération, était un extraordinaire succès. Si l’on veut bien prendre comme hypothèse que Raymond Aubrac était mû par des fidélités secrètes, la zone qu’on lui donnait était inespérée. En zone sud, il aurait été tenu par les cadres de Combat. En zone nord, en revanche, il allait, à la tête d’une organisation armée,rejoindre un secteur ou les communistes avaient une meilleure implantation. Quand on sait les pressions que les FTP (Francs Tireurs Partisans) exerçaient au sein du CNR (Conseil National de la Résistance) pour le « rapprochement » de toutes les structures combattantes, on peut supposer qu’ils n’auraient pas trouvé de meilleur avocat. Il y a une autre raison qui fait douter de sa culpabilité directe et volontaire : il était à Caluire. Arrêté avec Moulin, il était grillé. Il ne pouvait plus prétendre jouer un rôle de premier plan.

3. LE CAS HARDY

A. CALUIRE ET LA VERSION DE HARDY EN 1943

Hardy a une trentaine d’année. C’est un homme grand, blond, futé, actif, ingénieux et très entreprenant. Il aimait l’argent et les femmes lesquelles le lui rendaient bien. A côté des amours de passage qu’il ne dédaignait jamais, il entretenait une liaison avec une jeune fille de vingt ans, Lydie Bastien, qu’il avait rencontré dans un café. René Hardy en était tombé amoureux. Benouville, peut-être parce qu’il était tombé sous le charme, avait commencé à lui confier quelques petites missions. Ces missions n’étaient guère dangereuses et Lydie Bastien les avait remplies correctement. Mais si jamais elle était arrêtée, cette jeune fille échappée du pensionnat devenait le maillon faible idéal pour la Gestapo, avec Hardy en point de mire. Sur la recommandation de Bénouville, il était devenu le responsable d’un important service, le NAP-Fer zone sud, dans le cadre duquel il avait pour mission de préparer un plan complet de sabotage à exécuter au moment du débarquement. C’est à ce titre qu’il était rattaché au Troisième Bureau (celui des sabotages), tout en restant placé sous l’autorité des MUR. Hardy vouait à Combat et à Bénouville en particulier une fidélité presque idolâtre ; il détestait et Moulin et tout ceux qui l’entouraient, Cordier, de Graaf et autres. Quant à Delestraint, il en avait dressé un portrait qui, un mois avant l’arrestation de ce malheureux général, avait été accueilli avec de grands éclats de rire. Mais Hardy, quand il le voulait, pouvait être d’une grande efficacité, ce qui était l’essentiel.
Pendant le mois de mai 1943, il s’était retiré à Saint-Hyppolyte-du-Fort, près de Nîmes, pour établir avec quelques-uns de ses collaborateurs, un fameux plan de sabotage des voies ferrées que l’on connaîtra sous le nom de Plan Vert. C’était un document remarquable de plus d’une centaine de pages, qui prévoyait plus d’un millier de points de sabotage. Il y avait mis la dernière main avec son adjoint Heilbronn, qui deviendrait à la fin de sa vie le patron des Galeries Lafayette, lequel Heilbronn avait rédigé un « manuel du parfait saboteur » à l’usage du maquis. Ce plan, dont Hardy aura été l’un des initiateurs, sera à l’origine de l’une des opérations les plus réussies et les plus spectaculaires de la Libération. Ce Plan Vert est également une des pistes qui remontent à Caluire. La Gestapo était au courant de son existence. Elle finit par arrêter Heilbronn alors qu’il vient de quitter René Hardy. Un exemplaire sera expédié à Berlin.
Il parvient à échapper aux Allemands à Caluire en frappant l’un de ses gardes, il s’échappe sous les tirs des agents de la Gestapo, il est blessé et se cache dans un fossé. Il parvient à rejoindre le domicile de sa logeuse, Mme Damas, quai de Serin où il est finalement cueilli par des policiers français. Cette évasion a, depuis, suscité beaucoup de commentaires. Pourquoi Hardy était-il le seul à ne pas avoir été menotté par les Allemands ? Avant qu’une opération puisse être mise sur pied, la Gestapo a récupéré Hardy et l’a transféré à l’hôpital militaire de la Croix-Rousse. Entre-temps, la rumeur a changé de nature. Elle devient accusation. Les plus acharnés à condamner Hardy sont ceux qui le poursuivront jusqu’à sa mort, les Résistants de Libération en général et Lucie Aubrac en particulier. Ils mettent immédiatement en doute le comportement de Hardy durant la souricière de Caluire, en se fondant sur deux précédents facheux : son aventure ferroviaire l’avant-veille de l’arrestation de Delestraint et sa présence juste avant celle de Heilbronn. Ce doute est partagée par beaucoup. La fuite de Hardy est trop extraordinaire pour être vraie. Les Allemands ne savaient qui était Moulin. Ils savaient en revanche qui était présent. Ils n’auraient jamais fait l’erreur de laisser un des prisonniers s’échapper. A moins que…
Aubrac dira après la guerre que Lucie aurait eu la confirmation de la trahison de Hardy de la bouche même du commissaire Pitiot, qui avait arrêté Hardy chez les Damas. Pitiot, qui était un agent double, est mort en déportation. La femme de ménage du docteur Dugoujon, a sa sortie de prison, deux mois après les faits, aurait dit à Aubrac avoir assisté à la mise en scène de la fuite de Hardy. Lucie Aubrac, si légitimement inquiète pour son mari, aurait du transmettre ces deux informations graves. Elle a été du reste jusqu’à faire déposer à l’hôpital, à l’intention de Hardy, un pot de confitures empoisonnées que le prisonnier, par méfiance ou par manque d’appétit, ne touchera pas.
Pour comprendre l’état d’esprit des Résistants vis-à-vis de Hardy pendant cette période, revenons sur ces journées cruciales qui ont précédé le 21 juin, et les témoignages qui étaient en leur connaissance à ce moment-là. Le 7 juin, Hardy prend le train à Perrache pour se rendre à Paris. Aubry souhaite qu’il rencontre le patron de l’Armée secrète au sujet du Plan Vert. Hardy devrait logiquement connaître l’heure et le lieu du rendez-vous grâce au message qu’Aubry a fait déposer en clair dans une boîte aux lettres grillée. Hardy prend donc le train. Puis il disparaît. Les Résistants apprennent l’arrestation de Delestraint et imaginent que Hardy a été arrêté, torturé, voire exécuté. Voici qu’il réapparaît à Lyon le 11 ou le 12 juin. Il prend immédiatement contact avec ses deux adjoints, Max Heilbronn et René Lacombe, ainsi qu’avec Bénouville. Ce dernier l’entraîne dans un bains-douches public où il le voit nu. Il ne constate rien d’anormal, pas de trace de coups ou de sévices. Pendant qu’ils sont sous la douche, Hardy révèle à Bénouville ce qui lui est arrivé. Installé dans le train pour Paris, il n’avait pas été long à repérer la présence de Lunel, accompagné par un homme qu’il ne connaissait pas. Se doutant de ce qui l’attendait, il était sorti dans le couloir où il avait rencontré l’agent d’un réseau britannique, Lazare Rachline, que Bénouville lui avait présenté quelques temps auparavant. Hardy s’était penché vers lui et lui avait glissé à mi-voix « si quelque chose m’arrive, dites bien à Bénou que c’est à cause de Multon ». Puis, profitant d’un ralentissement du train, il avait sauté dans le vide, abandonnant ses bagages. Pour brouiller les pistes, il était reparti par un autre train, afin de se mettre deux jours au vert à Nîmes, où il possède une sorte d’atelier qui lui sert de planque. Puis il était remonté vers Lyon, en voyageant au hasard des horaires. Il révèle deux éléments qui semblent le disculper. Premièrement, la raison de son voyage était tout autre. Il avait l’intention de rencontrer Jean-Guy Bernard, dit Thellis, qui, grillé à Lyon, avait été transféré à Paris, où il chapeautait le NAP-Fer zone nord. C’était donc pour Hardy un déplacement de routine, parfaitement justifié par les responsabilités conjointes des deux hommes. D’autre part, il ignorait, en prenant le train, cette convocation d’Aubry pour rencontrer Delestraint à La Muette, puisqu’il n’était pas allé relever le message, sachant la boîte brûlée. Hardy revoit tous ses amis de Combat, Bourdet, Degliame-Fouché, Augé et Baumel. Là, ils commettent une faute. Ils ont beau le croire sans l’ombre d’un doute, ils auraient du suivre la procédure qui fait obligation d’éloigner un de leurs membres, quand il s’évade d’une prison, ou quand, échappant à une rafle, il part se planquer sans qu’il puisse justifier de son emploi du temps. Puis Lydie Bastien étant à Paris, Hardy disparaît à nouveau pour aller la chercher et ne revient que le 15 juin.
Quelques jours plus tard, un étrange message de Lazare Rachline parvient à la Résistance. Il confirme la confidence que Hardy lui avait faite sous le prétexte de lui demander du feu. Mais il ajoute qu’il a assisté de loin à l’arrestation des deux occupants du compartiment de Hardy. Des Feldgendarmen les avaient emmenés et lui-même avait eu toutes les peines du monde à sortir libre de l’interrogatoire que lui avait fait subir Lunel à cause de trois mots échangés avec Hardy. La situation de Rachline était d’autant plus délicate qu’il convoyait un agent anglais, Vic Gerson, et la femme de Pierre Bloch, lequel était alors à Alger. Le message de Rachline est confirmé par un informateur qui signale que quelque chose de grave s’était passé à Chalon-sur-Saône. Un autre message arrive par des cheminots résistants qui confirme les deux premiers : le train de nui Lyon-Paris a bien subi un arrêt prolongé en gare de Chalon-sur-Saône, et deux personnes avaient été arrêtées dans ce train vers une heure du matin. Hardy répond avec la plus grande simplicité qu’il ne peut rien savoir d’événements passés après son évasion, que Lunel l’avait probablement repéré et suivi, et qu’il avait dû l’apercevoir en train de demander du feu à Rachline. Quant à l’arrêt du train, il avait forcément été causé par son évasion. Lunel avait du se ruer sur le téléphone de la gare pour donner l’alerte. Sa proie lui ayant échappé, il avait naturellement interpellé ses voisins de compartiment pour les interroger. L’affaire en reste là sauf qu’une certaine gêne s’installe. Elle est en demi-sommeil. Des bruits circulent. Ce ne sont encore que des rumeurs vagues qui parviennent, pas même des avertissements. Elle viennent par le canal du mouvement Libération. Elles sentent l’intoxication, les premiers coups bas avant le pugilat de Caluire. Claudius-Petit donne son avis. N’étant ni de Combat ni de Libération, il semble bon juge. Il connaît la rumeur. Il n’aime pas Hardy. Mais il n’a rien de précis à lui reprocher. Et nous sommes à quelques jours de la réunion.
Hardy s’évade dans la nuit du 3 août. Nouvelle évasion rocambolesque, en sautant sur le toit d’un garage depuis sa chambre d’hôpital, escaladant un mur et se hissant sur un portillon avec un bras dans le plâtre. Personne ne sait qu’il a menti sur sa première évasion du train. Trop de coïncidences dans ses déclarations, le recoupement avec le message de Rachline, la rumeur enfin, tout cela ne lui est guère favorable. Londres a demandé de prendre toutes mesures de précaution à son égard. Les responsables de certains mouvements lui sont très hostiles et parlent de l’isoler et de le juger. Au sein même de Combat, certains ne cachent pas leur méfiance. Hardy s’explique, s’emporte, jure. Bénouville, qui le croit absolument, se fait son avocat, défend pied à pied son ami et va jusqu’à se porter garant de lui. Hardy s’en sort une nouvelle fois. Bénouville avait connu Hardy en prison. Ils avaient été maltraités ensemble, ils avaient ensemble lutté et pris des risques. Bénouville est un homme d’un autre temps. Il est généreux. Il n’est pas crédule mais il croit. Et il veut croire ceux qu’il aime, c’est-à-dire ses compagnons de lutte. Mais malgré la défense acharnée de Bénouville, l’atmosphère devient étouffante autour de René Hardy. Dès le lendemain de son évasion, il s’était réfugié chez un ami ingénieur des chemins de fer à Collonges. Il ne peut pas rester à Lyon. Ses amis chargent alors Degliame-Fouché, le patron de l’Action ouvrière, d’emmener Hardy et Lydie Bastien dans la région de Limoges, en attendant que leur passage en Espagne soit organisé par les filières secrètes.
Là, nouveau mystère. Ils s’échappent, disparaissent, retournent, semble-t-il, à Paris. Ce n’est que dix mois plus tard, en mai 1944, qu’ils gagneront l’Afrique du Nord grâce à Benouville qui continue de les protéger. Comment ont-ils vécu durant ces dix mois ? Avec quel argent ? Qui avait intérêt à les financer ? Il semblerait qu’ils aient été en contact avec un milieu assez trouble d’agents doubles, ex membre de la Cagoule et responsables du fameux mouvement d’Eugène Deloncle, le MSR (Mouvement social-révolutionnaire). La cheville ouvrière de toute cette opération semble avoir été Jehan de Castellane, un ami de Benouville, un ex-Camelot du roi et membre de ces étranges réseaux qui gravitaient autour du docteur Ménétrel, le médecin du maréchal Pétain. Et quel aura été le rôle de Lydie Bastien ? A-t-elle assuré des liaisons secrètes avec certains responsables de l’autre bord ? Elle a prétendu après la guerre avoir même rencontré Laval lors d’un séjour à Paris. Que peut-on penser de ce genre de témoignages ? Quoi qu’il en soit, arrivé à Alger, Hardy est accueilli par Frenay qui le prend immédiatement dans son cabinet. Pourquoi pas ?


B. LA VERSION DE JACQUES BAUMEL APRES COUP

René Hardy a menti. Il a bien pris le train du 7 juin au soir qui devait l’amener à Paris le 8 au matin. Il va bien à son rendez-vous avec Jean-Guy Bernard. Sait-il qu’il a également rendez-vous avec Delestraint ? C’est au fond assez indifférent pour la Gestapo. Grâce au message en clair d’Aubry, ils connaissent le lieu et l’heure de la rencontre et ils savent le mot de passe : Didot. Hardy se prépare de bon cœur, d’autant plus que Lydien Bastien va le rejoindre à Paris par un autre train. Il a déjà commis une petite faute mais qui n’en faisait pas ? Plutôt que de se fondre dans les compartiments de seconde ou de troisième classe, où il aurait fait un voyage peu plaisant mais relativement sûr, il occupe une couchette dans un wagon-lit que Lydie Bastien lui a réservé. Et dans ce même wagon, le destin a voulu que s’installent et les deux agents nazis et l’agent secret britannique Lazare Rachline. Hardy a bien remarqué la présence de Lunel et de Moog, il a bien compris que les deux policiers risquaient de l’interpeller et il a bien soufflé le message d’alerte à Rachline. Mais il n’a pas sauté du train. Il a été arrêté avec son voisin de cabine, un innocent fonctionnaire de Vichy. Là, le piège se referme sur Hardy qui voyage sous sa propre identité. Le piège se referme parce que, si Hardy intéresse Lunel, il n’est pas sa priorité. Lunel est en effet dans ce train pour une autre raison : il va à Paris pour organiser la capture de Delestraint. Moog commence à interroger Hardy. Les deux agents savent qu’ils n’ont pas le temps de s’occuper de lui. Ils doivent être impérativement à Paris au petit matin. Ils font arrêter le train à Chalon et débarquent leurs deux prisonniers qu’ils confient à la Feldgendarmerie. Là, Hardy est enfermé quarante-huit heures sans être interrogé. C’est-à-dire jusqu’au plein « succès » de l’opération Delestraint. C’est Barbie en personne qui viendra le chercher pour l’amener à Lyon. Et pendant ce temps, Lydie Bastien choisit de rester à Paris plutôt que de rentrer à Lyon.
Barbie interroge Hardy. Que s’est-il passé ? Il semble qu’il n’ait pas utilisé avec lui la manière forte, ce dont Bénouville aura la confirmation dans les bains-douches. On peut penser que Hardy n’a pas menti quand il a rapporté plus tard que Barbie lui a mis sous le nez un document où pratiquement tout l’organigramme du Centre de la Résistance était fidèlement reproduit. Manque l’essentiel, bien sûr, les noms véritables et l’adresse des planques de résistants, mais c’est un essentiel très fragile. Commence alors une épouvantable partie de chat et de souris. Hardy est un homme de droite, ce que Barbie ne manque sans doute pas de remarquer « comment peut-il fricoter avec des communistes ? ». Ce genre de manipulation psychologique avec la terreur comme épée de Damoclès n’aurait pas été un cas inédit. C’est le fond de la lamentable affaire Grandclément qui a décimé la Résistance bordelaise. Hardy a eu peur (qui ne l’aurait pas été ?). Et puis, coup de grâce, Barbie lui parle d’une certaine Lydie Bastien, qui est bien gentille, qui a une famille très digne, de très braves gens. Elle aurait un succès fou en Poméranie, ou plus à l’Est encore. Une petite française. Barbie arrive à ses fins, sans avoir eu besoin de porter la main sur Hardy. Hardy vient de glisser dans une situation de coopération, voire de complicité.
Hardy est relâché le 11 juin au petit matin. Il rencontre Bénouville. Contrairement à ce qu’il écrira plus tard, Jacques Baumel ne pense pas qu’ils aient conclus ensemble « un pacte du silence ». Pour trois raisons. Il n’avait aucune nouvelle de Lydie Bastien. Il doit vouloir s’assurer d’elle avant de prendre une décision d’aveu ou de dissimulation. Il connaît le caractère de Bénouville. Bénouville l’aurait aidé à s’exfiltrer du territoire, par exemple. Mais il n’aurait jamais mis en danger la vie de ses compagnons en dissimulant une pareille information. Et puis il y a ce point essentiel. Hardy ne sait probablement pas encore que Delestraint a été arrêté. Barbie aurait fait une erreur de le lui révéler. Quand Hardy et Bénouville se rencontrent, c’est ce dernier qui lui apprend l’arrestation du général. Hardy est cuit. S’il révèle qu’il a été arrêté et interrogé par Lunel et Moog, il sera immédiatement désigné comme le traître qui a fait tomber Delestraint. Ce n’est plus alors à l’éventualité d’une pénible séance d’aveux suivie d’un éloignement qu’il se trouve confronté, mais à sa liquidation quasi certaine. Il ne lui reste qu’une seule solution : continuer de mentir.
C’est le 12 juin, dans l’après-midi que les membres de Combat retrouvent avec soulagement Hardy. Après cette réunion, Hardy les quitte pour rejoindre son adjoint Heilbronn, place Carnot. A peine se sont-ils quittés que la Gestapo arrête Heilbronn. Hardy est poursuivi par une bien mauvaise étoile. Dès qu’il se rend à une entrevue secrète, celle-ci se termine par l’arrestation de son interlocuteur. Et, pourtant, cette fois encore, Hardy ne semble pas avoir été à l’origine de ce nouveau drame. Volontairement en tout cas. Heilbronn ne peut être suspecté de complaisance. Il n’aime guère Hardy. Pour être plus précis, il le méprise. Il sait trop bien que Hardy s’est attribué des mérites qui lui reviennent largement dans la conception du Plan Vert. Son témoignage, à la Libération, ne variera jamais : les Allemands se sont trompés de cible en l’arrêtant. Celui qu’il voulait cueillir, c’était… Didot. Ils frapperont Heilbronn jusqu’à l’évanouissement pour lui faire avouer qu’il est bien ce Didot qu’ils recherchent avec acharnement. Il les entendra dire en Allemand : « On s’est trompés, c’était l’autre. » Une semaine plus tard, ils ne lui poseront plus la question. Nouveau mystère qui se lève « théoriquement » en partie si l’on se souvient que, lorsqu’il a été arrêté, Hardy voyageait sous sa propre identité. Barbie, au cours du premier interrogatoire, n’aurait pas mesuré l’importance de sa prise.
Le jour de l’arrestation de Heilbronn, Hardy court rejoindre Lydie Bastien à Paris. Ils reviennent le 16 ou le 17. Qu’ont-ils fait entre-temps ? Qui ont-ils vu ? C’est là aussi un mystère. Ce qui est probable, en revanche, dans l’hypothèse d’une négligence de Barbie durant le premier interrogatoire de Hardy, c’est qu’un comité d’accueil à fort accent teuton attend les deux amants à Perrache. Des discussions plus sérieuses vont pouvoir s’engager. Il peut y avoir une autre explication au témoignage de Heilbronn, celle d’une manipulation des Allemands, qui savent tout de Hardy-Didot, qui l’ont suivi, qui ont cueilli Heilbronn et qui, pour éviter toutes fuites (les prisons surveillées étant pleines « d’oreilles », Raymond Aubrac peut en témoigner lui qui réussi à faire passer plusieurs messages à sa femme) ont fait subir à Heilbronn cette épouvantable mise en scène. Mais dans ces deux cas, le résultat est le même. Hardy s’enfonce un peu plus. Il risque déjà d’être accusé d’avoir balancé Delestraint, il va être maintenant suspecté de l’arrestation de son adjoint.
Hardy reprend ses activités dans le mouvement Combat, dont Bénouville est le gérant depuis la veille à la suite du départ de Frenay pour Londres, où il se rend afin de demander le limogeage de Moulin. Il n’y a rien de remarquable dans le comportement de Hardy sauf que ses camarades auraient été surpris de connaître l’adresse de sa nouvelle planque : chaque soir, il va dormir à la Gestapo. En tant que secrétaire général des MUR, Jacques Baumel était une cible de choix puisqu’il connaissait tous les rouages du système résistant. Lors du second procès Hardy, Aubry déclarera, évoquant les interrogatoires poussés qu’il avait subi après son arrestation : « l’essentiel des interrogatoires de Barbie était d’avoir Berneix (Jacques Baumel). Il n’avait pas la boîte postale de Berneix et il voulait à tout prix l’avoir. Il savait qu’il était le secrétaire général des MUR. Que disait Hardy quand il rentrait le soir au siège de la Gestapo ? Il est raisonnable de penser qu’il essayait de résoudre cette équation impossible, survivre, protéger Lydie Bastien, tout en révélant le moins de secret possible. Déjà, Hardy avait probablement remis à Barbie un exemplaire du Plan Vert, en gage de bonne volonté. Il l’avait remis d’autant plus facilement qu’il en avait fourni une version à moitié périmée. Hardy, hors de tout jugement moral, est dans une situation épouvantable. On sait aujourd’hui comment il n’a eu de cesse de multiplier les interventions pour protéger ou éloigner Lydie Bastien et sa famille.
Lorsque Aubry a demandé à Hardy de l’accompagner à Caluire, il a du frôler la commotion. Il ne veut pas. Il résistera jusqu’au bout. Jacques Baumel en sera le témoin durant une réunion du 19 juin où Bénouville revient à la charge. Hardy donne l’impression d’un homme qui se noie. Il pourrait encore tout avouer. Ce qui signifierait être probablement liquidé et, plus grave encore, abandonner Lydie Bastien à la vengeance de Barbie. A ce moment-là, a-t-il révélé une partie de la vérité à Bénouville ? Car ce dernier est beaucoup plus préoccupé par la réunion de Caluire. Il sait par ses informations que le commandement militaire allié envisage de mettre la main sur l’Armée secrète. Pour lui, Moulin est soit un sous-marin soit un apprenti sorcier. Il est hors de question que cet imbécile d’Aubry y aille seul.
Hardy est foutu. S’il revient encore sur ses aveux, s’il précise un peu plus son rôle sur cette épouvantable tragédie, la générosité de Bénouville sera aussi entière dans la sanction qu’elle l’a été dans le pardon. Et l’on voit Hardy résister, puis céder. On le voit lors du dîner qui précède la réunion, organiser la mise au vert de Lydie Bastien. On voit Lydie Bastien, qui se doute de quelque chose, insister pour qu’il n’y aille pas. On le voit se rendre à Caluire avec un visage si sombre que ses amis s’en inquiètent. On le voit s’échapper et être repris. Et durant tout ce temps, il possède l’adresse personnelle de Bénouville, durant tout ce temps, il aurait pu faire arrêter Frenay, avant son départ du 16 juin, qui loge chez Bénouville, il connaît sinon l’adresse, du moins les parages de son bureau, et il sait comment cueillir Bourdet, Fouché et les autres. S’il est une certitude dans cette longue histoire qui n’est qu’une histoire, c’est que René Hardy aura protégé ses amis de Combat.

En conclusion, dans la tragique affaire de Caluire, il y a un coupable, René Hardy, et plusieurs responsables. On connaît la suite. Le calvaire à venir : tortures abjectes, suivies de mort pour Jean Moulin, de mort en déportation pour Bruno Larat, de déportation pour Dugoujon, Lassagne et Schwartzfeld, d’un procès de d’une libération en janvier 1944 pour le colonel Lacaze. Aubry sera aussi durement torturé. Il semble avoir beaucoup coopéré avec ses bourreaux qui le relâcheront à la fin de 1943. Deux hommes seront relativement épargnés, Aubrac et Hardy. Tous deux ne seront pas transférés à Paris. Tous deux parviendront à s’échapper. Outre la décapitation de la Résistance, les Allemands obtiennent quantité de renseignements qui seront à l’origine de bien des opérations ultérieures. Le Centre opérationnel des parachutages et atterrissages (COPA) est démentelé, tandis que les aveux d’Aubry permettent aux Allemands de « loger » plusieurs des responsables de région, à Marseille, Montpellier, Toulouse et Limoges, et de préciser les informations qu’ils possédaient déjà sur la structure de l’Armée secrète.
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Dernière édition par Tex Willer le 14 Mai 2007 14:02:03; édité 4 fois
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MessagePosté le: 12 Mai 2007 9:09:04    Sujet du message: Répondre en citant

Super. Voilà qui éclaircit ce fait bien triste.

J'ai relevé quelques erreurs:

Citation:
Tout cela est inconnu est à l’époque des faits même si tout le monde sait qu’elle fréquente assidûment l’hôtel Terminus

Tout cela est inconnu à l'époque des faits....
Citation:
Les Allemands ne savaient qui étaient Moulin.

Les Allemands ne savaient pas qui était Moulin.
Citation:
Mais il ajoute qu’il assisté de loin à l’arrestation des deux occupants du compartiment de Hardy.

...qu'il a assisté...
Citation:
Comment on-ils vécu durant ces dix mois ?

Comment ont-il vécu...
Citation:
Ils font arrêter le train à Chalon et débarquent leurs deux prisonniers qu’ils confient à la Feldgendarmerie.
...et débarquent avec leurs deux prisonniers...
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gohan
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MessagePosté le: 12 Mai 2007 19:07:02    Sujet du message: Répondre en citant

j'ai pas tout lui c'etais trops long
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MessagePosté le: 12 Mai 2007 19:07:19    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

merci de ne pas répondre en faisant du flood, un "+1" ou toute autre attitude de ce style.


gohan a écrit:
j'ai pas tout lui c'etais trops long


:roll:
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MessagePosté le: 12 Mai 2007 20:08:36    Sujet du message: Répondre en citant

Cléments a écrit:
Citation:

merci de ne pas répondre en faisant du flood, un "+1" ou toute autre attitude de ce style.


gohan a écrit:
j'ai pas tout lui c'etais trops long


:roll:


c'est clair :lol:
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MessagePosté le: 13 Mai 2007 2:02:15    Sujet du message: Répondre en citant

stephanois2coeur a écrit:
Citation:
Ils font arrêter le train à Chalon et débarquent leurs deux prisonniers qu’ils confient à la Feldgendarmerie.
...et débarquent avec leurs deux prisonniers...


On peut debarquer quelqu un Clin d'oeil Clin d'oeil



- article tres interessant by the way -
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MessagePosté le: 13 Mai 2007 8:08:03    Sujet du message: Répondre en citant

Tiësto a écrit:
stephanois2coeur a écrit:
Citation:
Ils font arrêter le train à Chalon et débarquent leurs deux prisonniers qu’ils confient à la Feldgendarmerie.
...et débarquent avec leurs deux prisonniers...


On peut debarquer quelqu un Clin d'oeil Clin d'oeil



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MessagePosté le: 14 Mai 2007 10:10:02    Sujet du message: Répondre en citant

Ce soir, France 5, 21h35 : "Les détectives de l'Histoire"

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MessagePosté le: 15 Mai 2007 17:05:38    Sujet du message: Répondre en citant

c est moi desole Embarassé

je l avais confondu avec alain madelin Confus
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MessagePosté le: 28 Juin 2007 17:05:10    Sujet du message: Répondre en citant

TAC a écrit:
Cléments a écrit:
Citation:

merci de ne pas répondre en faisant du flood, un "+1" ou toute autre attitude de ce style.


gohan a écrit:
j'ai pas tout lui c'etais trops long


:roll:


c'est clair :lol:


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