23 janvier 1949

Saint-Etienne (6e) reçoit Strasbourg (13e) pour le compte de la 23e journée du championnat de France.

Les Années d’après-guerre se succèdent et ne se ressemblent pas. Les Verts terminent 2e en 1946 mais 11e en 1947 et quatrième en 1948. Cette saison semble être emprunt du sceau de la stabilité sauf que l’ASSE a l’habitude, chaque année, de chambouler son effectif. Cette habitude donnait une image négative de club accueillant des mercenaires attirés par des contrats intéressants au détriment de toute cohésion nécessaire pour briller durablement au plus haut niveau.

Privé de sa doublette magique, Heisserer-Mateo (tous deux gravement blessés), Strasbourg n’est pas de taille à rivaliser avec Saint-Etienne.
Et les Verts ouvrent le score dès la 9e mn par l’intermédiaire de Jean Lauer. Il est arrivé dans le forez en 1943 en compagnie de Nicolas Hibst et Antoine Gorius en provenance du FC Metz. Ils cherchaient à fuir l’incorporation de force dans l’armée allemande ou dans le STO et ils ont passé clandestinement la « frontière » pour rejoindre l’AS Saint-Etienne. Antoine Gorius, arrivé en octobre, devra attendre deux mois pour obtenir le droit de jouer, et encore, sous le pseudonyme de Gaurand. Jean Lauer fait également partie des joueurs radiés à vie par le gouvernement de Vichy avec Jean Snella, Ignace Tax et Casy pour avoir été déclarés comme de faux employés chez Casino. Du coup, c’est son frère aîné, Thomas, qui effectue quelques matches en début de saison.
Louis Vernay double la mise à la 12e mn et René Alpsteg ajoute un troisième but à la 25e mn pour atteindre la pause sur la marque de 3-0. Dès le retour des vestiaires, Lauer rajoute son deuxième but personnel (47e mn) bientôt suivi par un cinquième inscrit contre son camp (53e mn). Strasbourg sauve l’honneur sur penalty à la 60e mn mais la défaite est cuisante.

C’est le début de la fin pour Strasbourg qui terminera la saison 17e, avant dernier et donc promis à la relégation. Mais cette équipe sera sauvé grâce à la dissolution de la section professionnel du SR Colmar qui avait pourtant finit 11e. Mais le décès de son mécène, Joseph Lehman, qui finançait le club a précipité sa disparition. Le Racing rachète finalement l’équipe, payant les salaires des joueurs professionnels et donc il est maintenu à la place.

L’équipe : Jacquin- Huguet, Remy, Fernandez- Cuissard, Vernay- Jankowski, Calligaris, R. Alpsteg, Lauer, Vialleron
Entraîneur : Ignace Tax


25, 26, 27 janvier 1984

Gérard Farison, Robert Herbin, Gérard Janvion, Bernard Lacombe, Jean-françois Larios, Christian Lopez, Raoul Noguès, Oswaldo Piazza et Michel Platini sont inculpés d’abus de biens sociaux ou de confiance.
C’est le prolongement judiciaire de l’affaire de la « caisse noire ». Rappel des événements :

- L’affaire de la « caisse noire » éclate le 1er avril 1982 dans le journal Loire-Matin et sur les ondes d’Europe 1. Bien qu’a la base il s’agisse d’une querelle sur l’orientation professionnelle de l’AS Saint-Etienne entre d’un côté Roger Rocher et de l’autre Robert Herbin et Pierre Garronaire, la rumeur de l’existence d’une caisse noire se répand peu à peu. Cette affaire fait la Une des quotidiens régionaux entre « La Tribune-Le Progrès » plutôt pro-Rocher et « Loire-Matin » plutôt anti ;

- Le 18 août 1982, devant les enquêteurs du SRPJ de Lyon, Roger Rocher reconnaît l’existence des fonds occultes et donc d’avoir franchi les barrières de la loi. Pour leur part, Robert Herbin et Jean-François avouent avoir touché de l’argent en provenance de ces fonds ;

- Le 13 novembre 1983, Louis Arnaud, ex-vice-président, inculpé d’abus de biens sociaux, est incarcéré à la prison Saint-Paul de Lyon. Il en sort le 15 décembre. Le 16 novembre, Roger Rocher est inculpé d’abus de confiance, faux en écritures privées, commerce et usage de recel, de présentation de faux bilans et de fausses déclarations dans la constitution d’une SARL et il est placé sous contrôle judiciaire. Rien que ça. Le 30 novembre, il est incarcéré à son tour à la prison Saint Joseph de Lyon à la suite d’une audition de sept heures ;

- Le 15 février 1984, on apprend que le montant de cette caisse noire s’élève à environ 23 millions de Francs. Larios a touché 1 110.000 Frs, Janvion 964 780 Frs, Platini 880 000 Frs, Piazza 325 399 Frs, Herbin 623 222 Frs…jusqu’au 23 333 Frs de Merchadier non poursuivi. Des hommes politiques sont également concernés : le RPR, Lucien Neuwirth (50 000 Frs) et l’ex-ministre du Travail, Michel Durafour (90 000 Frs). Il est à noter que Dominique Rocheteau, quant à lui, a toujours refusé d’entrer dans cet engrenage ;

- Le 23 mars 1984, le Président des Verts bénéficie d’une mise en liberté ^provisoire moyennant une caution de 100 000 Frs ;

- Le 21 janvier 1987, après 51 mois d’instruction, le juge Desmures décide du renvoi devant le tribunal correctionnel de 20 dirigeants et joueurs ;

- Le 29 juin 1990, le tribunal de grande instance de Lyon condamne Roger rocher à quatre ans de prison dont 30 mois avec sursis et 200 000 Frs d’amende, Robert Herbin à six mois de prison avec sursis. Christian Lopez est le joueur le plus accablé avec quinze mois avec sursis et les amendes de joueurs s’élèvent de 8 000 Frs à 300 000 Frs pour Michel Platini. Sursis et amendes pour l’ancien trésorier Jean Brunel, Louis Arnaud et deux anciens vice-présidents ;

- Le 15 mai 1991, le jugement en appel fait état d’une peine de prison avec sursis et d’une amende de 800 000 Frs pour Rocher et le 24 septembre 1991, le Président de la République, François Mitterrand (celui-là même qui lui souhaitait de régler les problèmes du club à la mi-temps de la finale de la coupe de France ASSE-PSG) accepte de le gracier et le dispense du paiement de l’amende.

Voici l’épilogue d’une affaire qui aura en quelque sorte enterré une certaine époque mais depuis Saint-Etienne court derrière son lustre d’antan et la vitrine du club attend toujours un trophée majeur.


29 janvier 2003

En ce 29 janvier, nous aurions pu évoquer le 7-1 infligé par l’ASSE contre Troyes en 1961 nous aurion d'ailleurs préféré mais nous ne pouvions passer sous silence le match suivant :

L’AS Saint-Etienne (15e) reçoit Gueugnon (19e) pour le comte de la 23e journée du championnat de France de L2.

L’équipe de Frédéric Antonetti est en mauvaise posture en championnat même si elle compte deux matches de retard à jouer à Istres et contre Amiens. En ce début d’année 2003, elle a néanmoins réussi à s’imposer en huitième de finale de la Coupe de la Ligue à domicile face à Le Mans (3-2) pourtant leader de L2 (l’ASSE a d’ailleurs appris qu’elle aurait le redoutable honneur de recevoir Marseille en quart de finale). De plus, le coach stéphanois a obtenu le prêt de Fabrice Jau en provenance de Bastia pour six mois et il est aligné d’entrée contre Gueugnon. On s’attend donc à ce que les hommes de Patrice Carteron confirment face à un relégable.

Est-ce la minute de silence observée en l’honneur d’un dirigeant bourguignon qui a anesthésié les Verts ? Toujours est-il que ce sont les visiteurs qui ouvrent le score très rapidement dès la 11e mn 0-1.
Les Stéphanois sont KO debout et la situation ne peut guère s’arranger avec la neige qui s’invite à gros flocons. Sous une véritable tempête, les Foréziens dominent mais ils sont peu efficaces à part un tir de Michaël Dogbé repoussé par le gardien adverse, Trivino, qui commence son festival à la 27e mn. Au contraire, Théophile récupère un ballon à quarante mètres sur la gauche, grille la politesse à Oliveira, complètement dépassé et il vient ajuster Janot (35e mn) 0-2.
C’est presque la bérézina et on n’a encore rien vu. A la 40e mn, Chaveriat se présente seul devant Trivino mais son tir trop croisé passe au ras du poteau gauche. Et peu avant la mi-temps, l’arbitre accorde un penalty pour une faute sur Jau. Enfin un mince espoir, mais la tentative de Carteron est détournée par ce même Trivino sur sa barre transversale avant de rebondir devant la ligne et de retomber dans ses bras. Incroyable !

Pour cette deuxième mi-temps, Saint-Etienne revient avec de meilleures intentions, tir de Frédéric Mendy dans le petit filet (50e mn) mais les Forgerons restent dangereux. Le score n’évolue pas et à la 75e mn, Vrielynk de Gueugnon est expulsé pour deux cartons jaunes. Les Stéphanois vont-ils en profiter ? Pas du tout. A 10 contre 11, ce sont même les visiteurs qui inscrivent un troisième but à la 77e mn. 0-3
Et pour corser le tout, à la 87e mn, l’arbitre siffle un deuxième penalty pour les Verts afin de leur permettre de sauver l’honneur. Mais Alassane N’Dour n’est même pas capable de le transformer, Trivino, décidément en état de grâce, détournant une nouvelle fois sa frappe.
Le public (10337 spectateurs) est écœuré et des « Merci les Verts » fusent dans les travées largement désertées bien avant la fin du match. Et les 70 supporters bourguignons présents peuvent se permettre d’entonner l’humiliant « Et 1… et 2… et 3… zéros ».

L’ASSE est 18e et non pas 20e comme on le croit pas erreur même si ce n’est que partie remise car en raison de plusieurs matches en retard, elle sera lanterne rouge du 9 au 22 février 2003. Frédéric Antonetti demande désormais la mobilisation générale de toutes les forces vives du club. Il exige une révolte collective, les joueurs doivent se battre et relever la tête. Et quand il est question d’honneur, le Corse sait de quoi il parle. Lui-même ne fuit aucune de ses responsabilités déclarant notamment : « A partir de maintenant, on sauve le club et, quand c’est fait, on s’en va ». Heureusement, personne ne lui en voudra de n’avoir réaliser que la moitié de sa promesse.
Pour de nombreux observateurs, paradoxalement, ce match représente une renaissance, une prise de conscience salutaire. Quand on dispose du plus gros budget de L2, on n’a pas le droit de tomber aussi bas. Et surtout lorsque l’on dispose d’un public aussi fidèle, encore plus de 10000 spectateurs dans une rencontre qui oppose le 15e contre le 19e, les joueurs se doivent de répondre à leur exigence. La présence de l’ASSE en L2 est peut-être une anomalie mais encore faut-il éviter le National.

L'équipe: Janot- Carteron (cap), Hognon, Oliveira, Olesen- Sablé, Garcia puis Guillou (67e), Jau, Hellebuyck puis Mendy (51e)- Dogbé, Chavériat puis N'Dour (67e)
Entraîneur: Frédéric Antonetti

---