Voici le vip demandé :
Personnalité : Emile CABANNES
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Avec Emile Cabannes, nous voulions rendre hommage à ces hommes qui ont œuvrés pour assurer la pérennité de l’AS Saint-Etienne dans une des périodes les plus troubles de l’histoire de France, celle de l’Occupation. En effet, l’ASSE aurait pu disparaître faute de « combattants ». C’était sans compter les serviteurs du club dont faisait partie Cabannes.
RECRUTE COMME JOUEUR
Emile Cabannes s’essaie au football au début des années 30. Il joue au poste d’avant centre et son niveau est jugé suffisamment intéressant pour intégrer l’équipe de Sète mais il y est peu utilisé. Il faut dire qu’à cette époque, il n’a toujours pas sauté le pas et hésite à se consacrer entièrement au professionnalisme. Il exerce une autre activité, celle de moniteur d’aviation et cette dernière l’amène à quitter sa région, lui le Méridional d’origine, puisqu’il trouve un emploi à Ambérieux.
Dans ce cadre, il aimerait bien incorporer l’équipe de l’AS Saint-Etienne, qui évolue alors en deuxième division car il s’est rapproché de la région stéphanoise. Les dirigeants stéphanois sont finalement intéressés et lui font signer un contrat au tout début de l’année 1936. Son intégration est ultra rapide et coïncidence ou pas, les Verts enchaînent avec dix victoires consécutives. Malheureusement, elles seront insuffisantes pour lui assurer une accession en Première division.
Emile Cabannes, le joueur
En tout état de cause, Emile Cabannes semble avoir fait l’unanimité autour de sa personne. Sa modestie est légendaire et lui attire tous les suffrages. D’ailleurs lorsqu’il inscrivait un but, il avait horreur d’être félicité ne supportant pas d’être le centre de toutes les attentions. Impressionné par ce joueur d’un caractère si attachant, Emmanuel Gambardella, un journaliste sportif, supporter du FC Sète, l’avait surnommé le « Cincinnatus du football ». En effet, dans la Rome Antique, Lucius Quinctius Cincinnatus était un paysan qui n’a accepté de devenir dictateur que pour le bien de son peuple menacé d’invasion. A chaque fois que la menace était écartée, il mettait fin à sa charge et retournait à ses terres. Voilà à qui était comparé Emile Cabannes.
Il est également le second buteur en première division de l’histoire du club. Le 4 septembre 1938, René Pasquini inscrit le premier but face à Fives et Cabannes a clôturé la marque à la toute dernière minute. Malgré la défaite (2-3), il est donc entré dans la cour des grands.
PREMIER ENTRAINEUR FRANÇAIS DE L’ASSE
Emile Cabannes faisait donc partie de l’effectif qui a fini quatrième à l’issue de sa première saison parmi l’élite en 1939. La guerre éclate et met fin à tous les rêves envisagés notamment à la suite de matches de préparation encourageants. Quasiment tous les joueurs sont concernés par la Mobilisation et lorsque les Allemands attaquent en 1940, au moins six d’entre eux sont faits prisonniers. Tax et Odry sont ensemble en Belgique. Gardet et Biechert étaient dans l’infanterie, Brusseaux dans les chars d’assaut et Rolhion dans l’infirmerie.
L’AS Saint-Etienne est en léthargie. Il faut pourtant continuer à le faire tourner un minimum. L’entraîneur, William Duckworth, est parti et on doit lui trouver un remplaçant. Ce n’est pas une mince affaire car il avait atteint une côte de popularité sans égal. Jusque là , Pierre Guichard avait toujours fait confiance à des techniciens étrangers. Il avait commencé par recruter Albert Locke en 1933-34, puis Harold Rivers 1934-35 suivi par Duckworth (1935-36), Vago (1935-36) et de nouveau Duckworth (1936-39).
Cette fois-ci, le choix se porte sur Emile Cabannes, qui accepte la proposition malgré les conditions incertaines. Il devient donc le premier entraîneur français de l’histoire du club. Sa situation est peu enviable. Après l’armistice, des compétitions sont bien mises sur pied mais elles ont du mal à vivre. Les temps sont durs, le football n’est plus la priorité des institutions et l’argent se fait de plus en plus rare. C’est un cruel retour en arrière avec des voyages inconfortables, le casse-croute préparé par les joueurs eux-mêmes.
Les entraînements sont encore plus sommaires que du temps de Ducky et ce n’est pas peu dire. Pour maintenir une condition physique à un niveau minimum, Pierre Garonnaire et Jean Snella doivent se payer un préparateur physique personnel, François Prost à qui ils donnaient 5 francs de l’heure.
Emile Cabannes fait de son mieux avec les moyens qui sont les siens car l’important est de tenir jusqu’à la fin de la guerre. Lors de la saison 1940-41, Jean Snella se blesse et l’équipe déjà amoindrie, connaît de sérieuses difficultés. Néanmoins, l’ASSE parvient à se hisser jusqu’à la finale de la Coupe de France (zone libre) où elle a du s’incliner contre Toulouse (0-1). En 1941-42 et 1942-43, les résultats sont en dents de scie et sont difficiles à cerner.
Emile Cabannes aura quand même eu le mérite de poursuivre le travail de ses prédécesseurs et de faire en sorte que le club ne sombre jamais tout à fait. Et ce d’autant plus que Pierre Guichard a jeté l’éponge le 8 février 1943 suite aux décisions du gouvernement de Vichy de mettre fin au professionnalisme cause de tous les maux. L’entraîneur français, avec d’autres, va tenir l’édifice à bout de bras et lors du retour de captivité d’Ignace Tax, il pourra lui passer le flambeau, fier du parcours accompli au sein de la maison verte.
Il peut alors exercer la profession de vigneron, la conscience tranquille, avec le sentiment légitime d’avoir été un des membres influents de la famille stéphanoise.