Voici le vip demandé :
Personnalité : Vladimir DURKOVIC
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UN PALMARES EXCEPTIONNEL
Vladimir Durkovic est né le 6 novembre 1937 (selon les sources les plus crédibles car d’autres parlent de l’année 1938 voire 1939) à Djakovica (aujourd’hui en Serbie dans la province du Kosovo). Issu d’une famille d’intellectuels, son père était instituteur, il aurait du suivre la voie de ses frères et sœurs. Son frère aîné a embrassé la carrière d’avocat, ses deux sœurs sont devenues professeurs de français ainsi que, signe du destin, sa femme. Rien ne le prédisposait donc à devenir un joueur de football professionnel d’autant plus qu’il obtient son baccalauréat en 1956.
Lorsqu’il décide de tenter sa chance dans le football après avoir été recruté en tant qu’attaquant dans la célèbre équipe de l’Etoile Rouge de Belgrade, il brave la colère de son père qui l’avait menacé de le chasser de la maison s’il poursuivait dans cette idée. Il ne cède pas et prend son baluchon pour devenir un titulaire indiscutable des Rouges aux Blancs au poste de… défenseur. En effet, contraint et forcé semble-t-il, il devient un arrière latéral en 1958 et rapidement l’un des meilleurs spécialiste de son pays, la Yougoslavie. Il se forge alors un palmarès remarquable avec 5 championnats (1956, 1957, 1959, 1960 et 1964) et 3 coupes nationales (1958, 1959, 1964).

Durkovic, avec l’Etoile Rouge (a droite du gardien)
Surtout, il intègre l’équipe de Yougoslavie avec laquelle il est sélectionné 50 fois et avec laquelle il se hisse sur le toit de l’Europe en ce début des années 60. En juillet 1960, la Yougoslavie de Durkovic se hisse en finale des premiers championnats d’Europe des Nations en battant en demi-finale la France d’un certain Robert Herbin 5-4 après avoir été mené 4-2. Quelques semaines plus tard, en septembre 1960, elle obtient la médaille d’or aux jeux olympiques de Rome en battant le Danemark en finale après ne s’être qualifiée qu’à l’issue d’un tirage au sort. Et en 1962, au Chili, elle se hisse brillamment à la 4e place de la coupe du Monde.
C’est donc un joueur à la carte de visite impressionnante qui atterrit au Borussia Moenchengladbach en 1966 pour sa première expérience hors de ses frontières. Et pourtant, il ne s’impose pas au sein de l’équipe de Gunter Netzer où il ne participe qu’à dix journées de championnat. Il veut donc être transféré dans un autre club et pourquoi pas en France, lui qui a la chance de déjà parler cette langue.

Avec le maillot du Borussia Moenchengladbach
UNE VEDETTE DEBARQUE A SAINT-ETIENNE
Les Verts sont justement à la recherche d’un arrière latéral. Albert Batteux, qui a déjà pris ces aises en ce mois de juin 1967 alors que son contrat ne débute que le premier juillet, a cerné les manques de sa nouvelle équipe pour la renforcer et lui permettre de conserver son titre de champion de France acquis avec Jean Snella. Il est intéressé par le profil du Yougoslave mais Saint-Etienne veut d’abord s’assurer que son échec relatif en Allemagne n’est qu’un accident de parcours. Les dirigeants stéphanois l’invitent donc pour effectuer des essais à l’occasion de matches amicaux que les Verts doivent disputer coup sur coup le 18 juin contre le Borussia Dortmund au Havre (quatre jours seulement après avoir étrillé Lyon à l’occasion du challenge des Champions, 3-0) et le 21 juin face au Cavigal de Nice.
A chaque fois, Durkovic rend une copie propre. Jamais dépassé par le rythme allemand, il est une des principales satisfactions malgré la défaite 2-0. Contre le Cavigal, il est complètement à son avantage, dominant facilement l’ailier adverse, Charly Loubet, international français, d’ailleurs écoeuré par le traitement qu’il lui fait subir, un peu trop viril à son goût. Impressionnée par ses prestations, l’ASSE s’entend avec le joueur et le Borussia Moenchengladbach pour que le Yougoslave intègre dès l’été 1967 l’équipe fanion lui dispensant ainsi d’honorer sa dernière année de contrat en Allemagne.
Les dirigeants stéphanois ne se sont pas trompés. Vladimir Durkovic s’intègre rapidement dans le Forez car il fait montre d’une mentalité irréprochable, d’un parfait professionnalisme et de qualités techniques et défensives impressionnantes. Ses nouveaux co-équipiers apprennent à connaître un partenaire qui voue une haine viscérale pour la défaite même à l’entraînement. Sérieux à toute épreuve, il ne tolère pas que l’on galvaude son métier. Terriblement orgueilleux, il ne supporte pas être pris défaut à tel point qu’il n’hésitait pas à se venger lorsqu’il estimait qu’un attaquant lui « avait manqué de respect » même si ce dernier porte le même maillot que lui tous les dimanches.

Sous le maillot vert
Rapidement, il devient l’un des piliers de l’AS Saint-Etienne avec laquelle il étoffe son palmarès en rajoutant quatre championnats et deux coupes de France. Il est celui qui rameute les troupes quand le besoin s’en fait sentir, à l’affût du moindre relâchement. Lorsqu’il prend la parole pour fustiger tel ou tel comportement, il est écouté religieusement car personne, pas même Robert Herbin ni Bernard Bosquier, pourtant des hommes de caractère, ne s’aventurait à le contredire.
Avec un homme de cette trempe, Saint-Etienne ne pouvait que dominer le football français en cette fin des années 60. Dommage qu’il n’ait pas été mieux soutenu sur la scène européenne car les résultats auraient été bien plus convaincants. D’ailleurs, une de ses colères mémorables est peut-être à l’origine du premier exploit stéphanois en Coupe d’Europe. Ulcéré par l’attitude de certains à la suite de la défaite de l’ASSE en seizième de finale aller de la Coupe des Champions en Bavière face au Bayern Munich (0-2) en 1969, il avait fait trembler les murs des vestiaires par ses reproches cinglants. Tous avaient baissé la tête pour ne pas avoir à supporter son regard d’acier et nombreux sont ceux qui voulaient se faire pardonner à l’occasion du match retour remporté 3-0 à Geoffroy Guichard.
Salif Keita, l’attaquant malien de l’ASSE, peut-être le meilleur joueur de l’histoire à avoir porté le maillot vert, lui vouait une estime sans borne ce qui ne l’empêchait pas de le craindre énormément. De par son caractère nonchalant, malgré tout son talent et son statut dans l’équipe, il lui arrivait d’être l’objet du courroux du Yougoslave et humblement, il courbait l’échine, s’évertuant à donner le meilleur de lui-même le plus souvent possible pour éviter les terribles remarques. Il avait eu cette formule qui résumait à elle seule sa pensée :
« Lorsque je fais une bêtise sur le terrain, j’évite de me retourner. Je sais que Durkovic me regarde, et il me fait peur… ».
Grâce à des hommes comme Vladimir Durkovic, qui ont su personnifier l’état d’esprit stéphanois (en portant haut les valeur de courage, de solidarité, le goût de l’effort, le sacrifice de soi), l’AS Saint-Etienne a imposé sa marqué aux quatre coins de France pendant les quatre années de présence du Yougoslave.
En 1971, il a signé au FC Sion et la petite histoire retiendra qu’il a été celui qui a conseillé à Yvan Curkovic de venir jouer à l’ASSE plutôt que de s’engager avec Bastia comme il était sur le point de le faire. Malheureusement, la grande histoire rappellera qu’il est tombé sous les balles d’un policier ivre, peut-être impressionné par son regard un maudit 24 juin 1972. Il allait avoir 35 ans.