Voici le vip demandé :
Personnalité : Robert HERBIN (partie 1)
Nombre de visualisations : 19781
UN MONSTRE SACRE DU FOOTBALL STEPHANOIS
En raison de la personnalité de Robert Herbin, il nous a semblé opportun de faire deux parties distinctes détaillant sa carrière de joueur et celle, aussi riche, d’entraîneur.
UN MARIAGE MOUVEMENTE
Robert Herbin est né à Paris le 30 mars 1939 et il a habité (cela ne s’invente pas) au 99, quai de la Loire sans s’imaginer que ce serait dans ce département qu’il allait connaître, deux décennies plus tard, la célébrité ballon au pied. Il n’y reste guère, le temps tout de même d’appréhender les menaces que la guerre a fait peser à ses parents. Il traverse néanmoins ces années tragiques dans une ambiance feutrée favorisée par une famille relativement unie. Son père exerçait le métier de musicien : plus spécifiquement il pratiquait le trombone à coulisses, un instrument qui faisait vivre toute la tribu mais pas aussi décemment que le patriarche l’aurait souhaité jusqu’à ce qu’il trouve un emploi stable à l’opéra de Nice. Et, le 1er avril 1947, les Herbin ont pris la direction de la Côte d’Azur, quittant la grisaille parisienne pour le soleil méditerranéen.
Bien vite, l’enfant Herbin s’intéresse au sport et notamment au football d’abord à la Paroisse Saint-Jeanne d’Arc où avec son frère aîné, Paul, ils font suffisamment belle impression pour être remarqué par de bonnes équipes de la ville. C’est Jacques Cotta, le maire de Nice, le père de Michelle Cotta, et accessoirement le président du Cavigal de Nice qui en parle à son collaborateur Bob Remond. Ce dernier, convaincu de la valeur des deux adolescents, les prends sous son aile et les fait signer ensemble au Cavigal. Dans un premier temps, c’était l’aîné, attaquant, qui était dans le viseur des dirigeants niçois et lorsqu’il demande l’autorisation au père Herbin de l’engager, ce dernier n’accepte qu’à la condition que Robert prenne également le même chemin. Grâce à Bob Remond, son mentor, son père spirituel devrait-on dire, Robert Herbin gravit un à un les échelons au point de devenir un junior de tout premier plan. Il est même inscrit au concours du jeune footballeur où il termine à une brillante 3e place. Il aurait pu prétendre à un meilleur classement car il avait viré en tête à l’issu de tous les exercices techniques imposés. Malheureusement, la dernière épreuve des penalties ou il a connu deux échecs sur cinq essais, lui a valu de rétrograder pour obtenir un 3e rang excellent même si la déception a été de mise dans un premier temps.
Elle est rapidement oubliée car ses prestations de plus en plus étonnantes lui ouvrent les portes de l’Equipe de France juniors. L’entraîneur des Bleus est également subjugué et il n’hésite pas à affirmer au quotidien « l’Equipe » qu’il avait trouvé en Robert Herbin le successeur de Robert Jonquet.
Un junior qui attire les convoitises
De telles perspectives attirent évidemment de nombreuses convoitises et une carrière professionnelle peut alors être sérieusement envisagée. Le premier club à s’intéresser à lui est Valenciennes mais il n’est pas le seul. Lyon, Marseille, le Racing Club de Paris et … Saint-Etienne sont également sur la ligne de départ. L’OGC Nice, quant à lui, reste à l’écart, persuadé que de toute façon, Herbin choisira en fin de compte la destination la plus évidente, celle du Stade du Ray.
Les enchères grimpent entre les différents protagonistes, Saint-Etienne proposant par exemple 25000 francs et le Racing Paris 30000 francs pour ne citer qu’eux. Nice, toujours persuadé que cet espoir de la région ne pouvait pas leur échapper n’avait pas l’intention de participer aux enchères. Ils n’étaient même pas disposés à verser les 5000 francs autorisés car il faut bien le reconnaître, les sommes qui circulent pour s’attribuer le jeune prodige étaient illégales. Sauf que ces tractations étaient plus que courantes à l’époque, les clubs se vouant une concurrence féroce sur le marché des transferts. Il n’en est pas moins vrai que les parents Herbin n’avaient aucunement l’intention de privilégier l’aspect financier pour faire leur choix qui devait engager l’avenir de leur enfant. En fait, après bien des hésitations, il ne restait plus que deux candidats : Nice (pour la proximité) et Saint-Etienne (qui a offert par l’intermédiaire de Jean Snella des garanties sportives attrayantes).
Le 2 juillet 1957, Pierre Garonnaire se rend au domicile des Herbin pour conclure les négociations. D’entrée de jeu, il reçoit une véritable douche froide. En effet, Monsieur Herbin s’est engagé verbalement avec l’OGC Nice et il n’est, semble-t-il, pas disposé à revenir sur sa décision. Avec l’énergie du désespoir, le recruteur stéphanois se lance dans une argumentation passionnée n’hésitant pas à critiquer la politique de vedettariat niçoise qui empêchera à leur fils, il en est sûr, de s’épanouir dans un environnement aussi peu propice à son talent qui est pourtant immense. Au contraire à Saint-Etienne, sous la houlette de Jean Snella, les jeunes sont favorisés et ils peuvent progresser en toute quiétude. Heureusement, Garonnaire bénéficie d’un allié inespéré en la personne de madame Herbin qui finalement fait pencher la balance de son côté. Ils signent alors ensemble la convention qui lie Robert Herbin à l’AS Saint-Etienne. De retour dans le Forez, Garonnaire se précipite dans le bureau de son président, Pierre Faurand, pour annoncer la nouvelle. A sa grande surprise, il se prend une sérieuse remontée de bretelles, premièrement pour avoir proposé une sommes supérieure à celle qu’ils avaient convenus (25000 francs au lieu de 20000 francs) et deuxièmement parce que l’acte signé n’avait aucune valeur légale. C’est Charles Paret en personne qui s’est déplacé pour officialiser lui-même le transfert en faisant signer le contrat définitif.
Quand les dirigeants de Nice sont mis au courant, ils entrent dans une colère noire et ils portent le dossier auprès des instances nationales accusant l’ASSE d’avoir versé des sommes illégales pour arriver à ses fins. Ils reçoivent le renfort des Parisiens qui ont également été devancés et ces derniers, par dépit, ont avoué avoir proposé un montant largement supérieur au plafond autorisé. Autrement dit, il n’est pas possible que Saint-Etienne n’ait pas triché pour obtenir la signature de Robert Herbin. La sanction est alors inévitable et le néo-stéphanois est condamné à deux mois de suspension pour la faute commise. Autant dire une peccadille eu égard à la carrière de Robby chez les Verts.
Herbin et Garonnaire une rencontre décisive
UNE CARRIERE DE JOUEUR BIEN REMPLIE
Il débute sous le célèbre maillot vert à Geoffroy Guichard le 29 septembre 1957… en recevant Nice et dispute son deuxième match officiel contre le Racing Club Paris : curieux hasard du calendrier. Son règne commence dans l’entre-jeu stéphanois où il impose progressivement ses qualités techniques et physiques. Sa polyvalence fait merveille. Il peut aussi bien jouer en défense centrale ou être beaucoup plus offensif jusqu’à occuper même des postes d’attaquant avec le même bonheur.
Toutefois, l’ASSE connaît une période délicate et semble mal gérer son premier titre de champion de France acquis lors de la saison 1956-57. Le départ cumulé de Rachid Mekloufi en 1958 et de Jean Snella en 1959, plonge le club dans une spirale négative. Robert Herbin arrive cependant à tirer son épingle du jeu puisqu’il connaît sa première sélection en équipe de France le 6 juillet 1960. Néanmoins, il se pose la question de savoir s’il doit poursuivre sa carrière à Saint-Etienne s’il veut continuer à progresser. D’autres clubs s’intéressent à lui, notamment le Racing Club de Paris qui lui fait même faire un essai le 7 juin 1960 à l’occasion d’un match amical contre le CSKA Sofia. Heureusement, aucun accord ne sera trouvé entre les différentes parties et Robert Herbin reste stéphanois pour le plus grand bonheur du nouveau président des Verts, Roger Rocher, fraîchement élu le 21 avril 1961.
Un essai au Racing Club de Paris heureusement sans suite
Malgré une descente en D2 agrémenté par une victoire en Coupe de France en 1962, Robert Herbin repart de l’avant. Grâce, entre autres, au retour de Rachid Mekloufi, la remontée est immédiate. Robby y contribue largement en étant le meilleur buteur stéphanois avec 17 buts inscrits. Un autre retour remettra définitivement les Verts sur de bons rails : celui de Jean Snella. Avec l’entraîneur de ses débuts dans le Forez, L’international français complète son palmarès en ajoutant ses premiers titres de champion de France en 1964 et 1967.
L’arrivée d’Albert Batteux consolide sa position car le nouvel entraîneur stéphanois lui attribue le brassard de capitaine. L’ASSE confirme son hégémonie sur le football français en réussissant un doublé en 1968 et en remportant à nouveau le championnat en 1969. Toutefois, l’épouse de Robert Herbin se plait de moins en moins à Saint-Etienne et elle le presse de retourner au soleil. Il n’en a pas envie mais il est sur le point de céder à des propositions de Monaco, Nice ou Marseille (des équipes prêts à l’accueillir) pour faire plaisir à sa femme. Tout se joue sur la rencontre de Coupe d’Europe ASSE-Bayern du 1er octobre 1969. Si les Verts son éliminés, Robby part. S’ils se qualifient, il reste. Il convient de préciser que les hommes d’Albert Batteux ont été battus 2-0 au match aller en Bavière en étant tout heureux de ne pas avoir reçus une déculotté plus importante tellement ils ont été archidominés. Le pari est loin d’être gagné. Inutile de vous dire que le milieu de terrain stéphanois sera l’un des plus motivés pour renverser le score et contre toute attente grâce à deux buts d’Hervé Revelli et un de Salif Keita, Saint-Etienne réalise l’exploit. L’aventure avec l’AS Saint-Etienne peut continuer, cette saison-là se terminant avec un nouveau doublé avec une finale de coupe de France historique face au FC Nantes (5-0).
ASSE-Bayern: Herbin au dessus du lot
Sa fin de carrière de joueur coïncide avec les tempêtes médiatiques qui touchent le club avec les affaires Carnus-Bosquier en 1971 et l’année d’après celle qui oppose Keita et Rocher. Paradoxalement, malgré son statut de capitaine, Herbin se tient en retrait et évite de prendre parti. Tout juste consent-il à affirmer qu’avec Georges Carnus et Bernard Bosquier, les Verts auraient été champions pour la 5e année consécutive.
En 1972, Albert Batteux reprend sa liberté en désaccord avec les décisions de Roger Rocher. Ce dernier doit donc lui trouver un successeur. Il pense naturellement à Robert Herbin qui est entrain de passer ses diplômes d’entraîneurs sur Paris. Toutefois, à 32 ans, il n’est pas dans son intention d’arrêter tout de suite sa carrière professionnelle. Il estime avoir encore trois ou quatre belles années devant lui avant de raccrocher les crampons. Il faut tout le pouvoir de persuasion du président qui a une véritable affection à l’encontre de son joueur fétiche pour arriver néanmoins à obtenir son accord.
Herbin s’engage alors vers une nouvelle direction qui l’amènera à côtoyer des sommets encore plus vertigineux.