Voici le vip demandé :
Personnalité : Henri POINT
Nombre de visualisations : 4918
UN CADRE INFLUENT
Pierre Guichard a décidé de s’investir personnellement dans la gestion de la section Sportive de la société Casino dès son retour du service militaire. Les responsables, des cadres de l’entreprise, le sollicitent ainsi pour prendre la présidence de l’association. Le patriarche, Geoffroy Guichard, encourage cette initiative en pensant comme le souligne malicieusement son fils que celui-ci « en s’occupant de sport, irait moins au bal ». Pour se mettre en conformité avec les règlements de la Fédération Française de football qui interdisait aux clubs de faire de la publicité ou de porter un nom de firme, l’Association Sportive du Casino change d’appellation mais conserve ses initiales d’origine pour s’intituler l’Amical Sporting Club.
Pour l’aider dans sa tâche, car après tout, le jeune Président a à peine plus de vingt ans, il constitue une équipe dirigeante issue de sa propre entreprise. Parmi ceux-ci, un collaborateur sort rapidement du lot. Déjà impliqué dans la gestion d’associations, il fait profiter de son expérience à son tout jeune patron, prêt à écouter et à favoriser les initiatives visant à améliorer le statut de son club.
Ce collaborateur s’appelle Henri Point.
Directeur des Ventes au sein de la société Casino, il aide l’Amical Sporting Club, devenue l’Association Sportive Stéphanoise en 1928, à perdre rapidement son aspect corporatif. Toutefois, ce cadre influent de l’entreprise familiale, un conseiller proche de Geoffroy Guichard, ne jure que par le rugby. Il favorise dès lors le rapprochement avec le Stade Forézien Universitaire (SFU) qui dispose d’une bonne équipe de rugby. Il ne faut pas oublier qu’historiquement, le jeu à 15 est le premier sport collectif pratiqué à Saint-Etienne et ce dès 1892, la première équipe de football n’étant crée qu’en 1906.
Rapidement, les infrastructures deviennent dépassées. Le terrain du Pont-de-l’Ane, où se situe aujourd’hui le Géant Casino de Saint-Etienne qui accueille à la fois le football et le rugby, parait de plus en plus petit. L’idée de trouver un autre point de chute commence donc à faire son chemin. Toutefois, les résultats sportifs, notamment de la section football, ne justifient pas le lancement d’investissements conséquents permettant la création de nouvelles installations. En effet, l’équipe de Pierre Guichard se situe loin derrière sa rivale stéphanoise, le Saint-Etienne Sporting Club et surtout du CO Saint-Chamond, formation phare de la région qui truste les titres en division d’honneur du Lyonnais, la référence de l’époque.
Par contre, l’équipe de Rugby soutient agréablement la comparaison avec ses adversaires et dès lors, Henri Point peut persuader Geoffroy Guichard qu’elle est promise à un bel avenir à condition de disposer des installations adéquates. Ce dernier est, semble-t-il, convaincu et il donne son accord à son collaborateur pour trouver un lieu plus approprié.
A L’ORIGINE DU STADE GEOFFROY GUICHARD
Justement, la famille Rochetaillée, une riche famille terrienne de la région, est disposée à vendre une parcelle de 38000 m2 au nord-est de Saint-Etienne sur la route de Saint-Héand, situé à l’Etivallière entre l’aciérie, l’usine à gaz et la rue de la Tour. L’endroit est apprécié même si les hautes cheminées aux alentours, déversent une épaisse fumée ocre qui pourrait s’avérer gênante. Pressé par son fils et par Henri Point qui voient là une occasion unique, Geoffroy Guichard se rend acquéreur de ce terrain qu’il rétrocède pour une somme dérisoire à l’Association sportive Stéphanoise (un franc symbolique).
Cependant, la trésorerie, encore hésitante, du club n’est pas à même de soutenir l’effort financier important permettant la construction d’un stade que les dirigeants veulent remarquable pour la région. Pour récolter les fonds nécessaires, ils créent une société anonyme « Les Amis du Sport » charger de lancer une souscription publique. C’est un succès, en quelques semaines, 600000 francs sont recueillis pour financer ce projet enthousiasmant alors que le retour sur investissement n’est pas assuré. D’ailleurs, Pierre Guichard, par la suite, avouera avec fierté « quand la guerre a été déclarée, tous les souscripteurs ont retrouvé leur argent ».
Henri Point peut s’estimer satisfait, l’œuvre qu’il a initiée par son sens de la persuasion, peut enfin voir le jour et plus encore, en raison de la somme récoltée, les rêves les plus ambitieux deviennent sensés.
On fait appel à la société Bouhana pour la réalisation technique, celle-là même qui a construit le stade Olympique de Colombes (stade Yves-du-Manoir). Une tribune d’honneur de 800 places, agrémentée de vestiaires et de douches est érigée par l’architecte Henri Ploquin (Il s’inspire de ces travaux pour le stade Vélodrome en 1937) et réalisée par la société Limousin. Un splendide terrain d’honneur, de 100 mètres de long sur 66 mètres de large complété par une piste d’athlétisme de 400 mètres de long et de 6 mètres de large entouré par un plan incliné pouvant contenir jusqu’à 10000 spectateurs sort d’une terre qui a pourtant servi de détritus pour la ville. Ce n’est pas tout, de nombreuses installations annexes (terrains d’entraînement, de basket, de volley et sautoirs pour la longueur et la perche) sont ajoutées.
Inauguration du stade Geoffroy Guichard
Tout est prêt pour l’inauguration le 13 septembre 1931 et Henri Point peut alors constater, en présence du ministre chargé des sports, de nombreuses personnalités régionales et la totalité du conseil municipal, que son projet n’était pas aussi irréaliste qu’on aurait pu le supposer. Et tant pis si les « Verts » sont battus ce jour-là par l’AS Cannes 8-3, récent demi-finaliste de la Coupe de France. Tant pis si l’équipe de rugby s’incline également devant l’AS Montferrandaise 32-11. Tant pis si finalement la greffe du rugby ne prendra pas à Saint-Etienne (la fusion avec le SFU ne dure que trois ans).
Henri Point comme tout le staff stéphanois peut alors se lancer dans l’aventure du professionnalisme et c’est bien naturellement qu’il intègre le premier comité directeur du nouveau club crée en 1933, l’AS Saint-Etienne, qui démarre sa carrière en deuxième division le 3 septembre 1933.
Malheureusement, il décède en 1934. En souvenir de son implication, la nouvelle tribune construite en 1938 sous la direction de l’architecte Edouard Hur et exécutée par l’entreprise Thinet (1500 places dont 800 couvertes) porte son nom, témoin de son importance capitale dans la naissance de l’ASSE.
La première tribune Henri Point à droite