Voici le vip demandé :
Personnalité : Pierre GUICHARD
Nombre de visualisations : 9579
LE PERE FONDATEUR
Pierre Guichard, né en 1906, est le sixième des sept enfants du fondateur des Magasins Casino : Geoffroy Guichard. Il a crée une épicerie en 1860, en face du Casino Lyrique de Saint-Etienne (d’où son nom) qui avait fermé ses portes deux ans plus tôt pour cause d’atteinte aux bonnes moeurs. L’expansion est rapide à tel point qu’en 1898, une succursale est inaugurée à Veauche et que la Société des Magasins Casino, nouvellement créée, voit le jour. En 1939, on ne comptait pas moins de 1670 succursales.
Pierre grandit dans cette ambiance feutrée dans une famille aisée qui recueille les bénéfices d’une ascension florissante. Il est envoyé en Normandie pour y passer ses études et passer son baccalauréat. Il y apprend également les vertus du sport dans lequel il excelle notamment en athlétisme et plus particulièrement sur le 1500 mètres, où il obtient une brillante deuxième place au championnat de France scolaire.
Geoffroy Guichard
A 17 ans, le voilà de retour auprès de son père qui entreprend aussitôt de lui apprendre les ficelles du métier. Il débute donc comme simple vendeur, Rue Michel Rondet, dans le plus ancien magasin de la Société. Très vite, il s’impose et au retour de son service militaire qui ne dure qu’un an (privilège accordée en raison de la participation de trois de ses grands frères à la Première guerre mondiale), il s’implique dans la section sportive de la société Casino créée en 1919 au sein de l’Amicale des employés qui existait depuis 1912.
Encouragé par son père qui pensait que cette initiative mettrait en avant ses qualités de dirigeant, Pierre Guichard accepte le poste de président qui lui est proposé par les cadres de l’entreprise en 1927. Il crée un journal « Nos Sports » qui commente tous les résultats des différentes équipes qu’il encadre (Athlétisme, football puis basket) et surtout il veut donner à son association une dimension supplémentaire. A cet effet, il favorise les rapprochements avec d’autres clubs existants comme le Stade Forézien Universitaire (FSU) et son équipe de Rugby avec lequel il fusionne.
Même si cette association ne dure que trois ans, elle est le point de départ d’une ambition nouvelle qui l’incite à agrandir ses installations sportives et qui mèneront à la construction puis à l’inauguration en grandes pompes du Stade Geoffroy Guichard le 13 septembre 1931. Comme il le dévoile dans son discours devant un parterre de personnalités, Pierre Guichard « fera tout pour que Saint-Etienne puisse dans le monde sportif s’affirmer et se montrer digne de la renommée qu’elle s’est créée dans d’autres branches d’activité ».
Bien vite, le football devient l’élément moteur de l’association et justement depuis 1932, le football professionnel a fait son apparition en France. Pierre Guichard veut tenter l’aventure pour en finir avec cet amateurisme « marron » dont il avait fini par contourner les règles en payant en sous-main les bons joueurs qu’il voulait enrôler. Or certains d’entre-eux n’hésitaient pas à quelques minutes du coup d’envoi à faire du chantage à la prime contre lequel président n’avait aucun moyen de lutter.
C’est chose faite après bien des péripéties en 1933 qui voit donc la création de l’Association Sportive de Saint-Etienne qui est engagée dans le championnat de France de 2e division. Le président se jette à corps et à fonds perdu dans la bataille pour un objectif unique : la montée en 1e division. A cette époque, l’équipe n’est-elle pas surnommée « le club des millionnaires » ! Les moyens de Casino permettent ainsi d’attirer de bons éléments comme le fantasque Yvan Beck et l’objectif est atteint en 1938 après cinq saisons de tâtonnements.
Cette ascension est stoppée net avec l’arrivée de la Seconde guerre mondiale et le gouvernement de Vichy qui supprime purement et simplement le professionnalisme. En total désaccord avec cette nouvelle orientation qui détruit quinze années d’efforts, Pierre Guichard démissionne de la présidence du club en 1943 pour se consacrer à son entreprise dans laquelle il est amené à prendre les premiers rôles à la suite de la mort de son père en 1940.
DE RETOUR AUX AFFAIRES
En 1950, l’ASSE traverse une période délicate. Les caisses sont vides. A la demande du maire de Saint-Etienne, Alexandre de Fraissinette, Pierre Guichard accepte de reprendre les commandes du navire tout en s’assurant l’aide des collectivités locales qui accordent une subvention exceptionnelle de l’ordre de 3 millions d’anciens francs car Casino ne peut plus assumer seul les finances d’une équipe qui évolue en 1ere division. C’est le début d’une collaboration étroite entre les pouvoirs publics et le club sans laquelle il n’aurait certainement pas connu le palmarès qui est le sien.
Pierre Guichard
De retour aux affaires le 20 juillet 1950, le Président s’aperçoit bien vite qu’il est urgent de réorganiser les structures administratives et sportives de fond en comble afin de répondre aux exigences du football d’élite. A cet effet, il engage plusieurs hommes providentiels à des postes clés comme Charles Paret, organisateur né, capable de gérer tous les aspects administratifs que suscite le haut niveau. Autre décision lourde de conséquence : il confie la direction de l’équipe fanion à Jean Snella qui va révolutionner le football stéphanois. Ainsi paré, l’AS Saint-Etienne peut repartir de l’avant et c’est avec le sentiment du devoir accompli qu’il peut céder son fauteuil à Pierre Faurand en 1952.
L’embellie est de courte durée. Pierre Guichard est de nouveau sollicité lorsque Pierre Faurand doit quitter ses fonctions des suites d’une jaunisse. Le 5 juin 1959, il retrouve son poste avec cette fois-ci une seule idée en tête : trouver rapidement un successeur d’envergure. Cet homme providentiel, il l’a remarqué au sein de son comité directeur. Il s’agit de Roger Rocher dont il a préféré les compétences à celles de son concurrent, Alex Fontanilles, pourtant le favori logique.
Le 20 avril 1961, lorsque Rocher est élu à la tête de l’ASSE, il peut passer définitivement la main et du haut de son poste de président d’honneur, il conservera un regard bienveillant en prodiguant tantôt des paroles de réconfort ou de félicitations lorsque cela s’avérait nécessaire démontrant par la même qu’il était parfaitement tenu au courant de la situation sur son club de toujours.
Il s’éteint en 1988 laissant derrière lui l’image d’un homme discret qui a su donner à l’AS Saint-Etienne une identité basée sur les notions de travail, d’abnégation, de passion et de dignité. Celles que lui avait inculqués son père et qu’il a tenu par-dessus tout à transmettre dans toutes les activités dont il a eu la charge épousant et respectant ainsi celles des mineurs stéphanois qui ont fait son bonheur et sa richesse comme s’il tenait à rendre de cette manière ce qu’il avait obtenu.
Pierre Guichard à la lecture de son journal « Nos Sports »